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Foin et regain : un trop-plein de cellulose à digérer

Complémentation. Avec les foins à fort taux de cellulose récoltés cette année, Conseil Élevage 25-90 et Jura Conseil Élevage jugent prioritaire l’utilisation d’aliments complémentaires suffisamment dotés en énergie fermentescible et en azote soluble.

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Quelles valeurs alimentaires ?

Pour les foins. Sans surprise avec des faucheuses sorties fin juin, la faute à un début de saison très humide, les premières coupes très abondantes en quantité se révèlent de bien piètre qualité sur tout le massif du Jura. Les seuls à tirer leur épingle du jeu sont en zone d’altitude et, du fait du retard de végétation, ont pu faucher à un stade idéal.

Résultats à plus de 900 m : des foins supérieurs à 9 % de MAT, plus de 60 g de PDIN/kg de MS, 0,7 UFL et seulement 31 % de cellulose. Partout ailleurs, le manque de matière azotée totale, d’azote soluble et l’excès de cellulose brute sont patents, avec une situation s’aggravant en descendant en altitude.

En plaine et sur les premiers plateaux du Doubs, les foins titrent à peine plus de 5 % de MAT et 6 % au maximum, soit 4 et 2 points de moins qu’en 2015. Ces premières coupes fauchées archi-mûres pointent seulement à 33 et 38 g de PDIN et révèlent des valeurs énergétiques autour de 0,66 UFL. Elles sont de surcroît très peu digestibles avec un taux de cellulose brute à plus de 35 %. Côté appétence, les craintes suscitées par ces premières coupes fauchées, parfois couchées au sol, ne semblent pas trop fondées au vu des premiers retours de terrain. « On retrouve des foins avec des valeurs alimentaires aussi faibles qu’en 2007, mais les vaches le mangeraient mieux », relève Nicolas Gaudillière, de Conseil Élevage 25-90.

Si cette observation vaut sur les plateaux du Jura, il n’en est pas de même pour le foin de plaine. Mais rassure, de son côté, Florian Anselme de Jura Conseil Élevage : « Les moins de 8 % de minéraux mesurés montrent que ces foins n’ont pas été si contaminés que cela par de la terre ».

Pour les regains. Avec des regains réalisés dans des conditions idéales, la qualité est globalement au rendez-vous, tant en plaine qu’en montagne dans le Doubs. Ils y pointent en moyenne à 17 % de MAT, 114 de PDIN et 0,82 UFL. Dans le Jura, les analyses révèlent des valeurs un peu moindres : 14 % de MAT, 90 de PDIN et 0,75 UFL. Mais la quantité est rarement là. Il faut y voir, après l’excès de pluie du printemps, la conséquence d’une repousse poussive, résultat du double effet de sols humides tassés lors de la première fauche et du coup de sec qui a suivi. S’y sont ajoutés des effets microclimatiques. Résultat : si certains ont assez de regains, d’autres devront se limiter dans leur distribution.

Trois conseils pratiques

1. Apporter suffisamment d’énergie fermentescible et d’azote soluble pour digérer ces foins à 35 % de cellulose. Et ce d’autant que les volumes de regain engrangés sont limités. Privilégier, dans cette optique, les sources d’énergie nobles de type céréales, et parmi ces dernières, celles les plus rapidement fermentescibles avec, par exemple, une part plus importante d’orge que de maïs. Dans la même veine, travailler avec des mélanges de tourteaux nobles de type soja, colza, riches en PDIN qui apporteront l’azote nécessaire pour faire tourner la panse.

2. Oser utiliser du blé dans votre mélange céréalier pour ceux qui, par exemple, dans la plaine du Jura, en ont sur les bras pour cause de déclassement (blé non panifiable). Le taux de cellulose très élevé du foin engrangé autorise cette source d’énergie très rapidement fermentescible, d’ordinaire source de risque d’acidose.

3. Privilégier comme toujours le lait produit par les fourrages, sachant que cette année, les premiers kilos de concentrés distribués seront très efficaces. Se rappeler aussi qu’au-delà de 6 kg de concentré/VL/j, l’efficacité du concentré diminue. Il convient alors de faire un calcul économique entre la réponse du concentré par rapport à son coût et celui du litre de lait.

L’erreur à éviter

Se laisser tenter par des aliments du commerce bon marché à base de coproduits (pulpe, drèches, corn gluten, son) plutôt qu’à base de céréales. Avec les foins 2016 très peu digestibles, il faut assurer le coup avec suffisamment de matières premières fermentescibles.

Souvenez-vous de cette étude réalisée par Conseil Élevage 25-90 (L’Éleveur laitier de septembre 2015). Elle montrait qu’avec une ration foin et regain, préférer un complémentaire énergétique « bon marché » avec moins de 60 % de céréales, et donc une part conséquente de coproduits, se traduisait au final par 2 kg de lait par vache et par jour et 1 g de TP en moins, comparé à un aliment à 90 % de céréales.

Jean-Michel Vocoret

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